2015 – Ouverture de la Porte Sainte
Ouverture du Jubilé de la Miséricorde
Homélie de Mgr James
Cathédrale de Nantes – 13 décembre 2015
Frères et sÅ“urs présents dans la cathédrale, jeunes ambassadeurs des JMJ de Cracovie, jeunes scouts, porteurs de la lumière de Bethleem, ouvrez toutes grandes les portes de votre cÅ“ur, au Dieu des miséricordes ! A l’invitation du Pape François, nous avons ouvert la Porte Sainte de la Cathédrale de Nantes. Nous pensons déjà ̀ à ceux qui vont la franchir au cours de cette année : enfants, adultes, étudiants, familles, paroisses, mouvements, congrégations, prêtres, diacres. Ouvrez les portes ! C’est le jubilé de la miséricorde : le Seigneur vous attend ; il vous accompagne sur le chemin de la foi, et il vous envoie.
En passant la Porte Sainte, en rentrant dans la cathédrale, qui nous accueille ? Le Seigneur, ses bras grands-ouverts, comme un père de famille, heureux d’accueillir ses enfants, tous ses enfants, les habitués et les occasionnels, les enthousiastes et les hésitants. Dieu t’attend, Dieu est proche de toi. Voilà le sens de l’année Sainte voulue par le Pape François, je le cite : « l’Eglise, en ce moment de grands changements d’époque, est appelée à  offrir plus fortement les signes de la présence et de la proximité de Dieu ». C’est d’ailleurs le motif de notre joie, de la joie d’être chrétiens aujourd’hui. Le prophète Sophonie proclame : « Pousse des cris de joie, réjouis-toi, bondis de joie ». Spontanément, nous avons des objections : mais Seigneur crois-tu que nous avons le cÅ“ur à nous réjouir quand tant de personnes parmi nous savent leur avenir professionnel incertain, quand d’autres s’inquiètent des attentats ou du devenir de la planète, quand d’autres sont éprouvés par la maladie ? Où trouverions-nous la force de nous réjouir ? Pourquoi bondir de joie ? Réponse de Sophonie : « car le Seigneur est en toi, il est proche de toi ». Voilà le motif de notre joie : il est en toi, Eglise de Nantes, il est en toi, baptisé confirmé. Tu n’es pas seul pour affronter les épreuves, les mutations de ce monde. Dieu se fait proche.
Il t’accueille au seuil de la cathédrale et Il t’accompagne : Il t’invite à marcher avec Lui dans cette cathédrale. C’est le sens du parcours proposé aux pèlerins et visiteurs, « priant, suppliant et rendant grâce », comme le dit Saint Paul dans la deuxième lecture. Oui, rendant grâce ! Cette Année Sainte est l’occasion de relire notre vie avec le Seigneur, de faire révision de vie en repartant des fonts baptismaux, de notre baptême qui nous a branchés sur un courant de grâce et d’amour. Y compris dans les moments où nous avons pris des chemins de traverse, où nous avons blessé les frères ou le Seigneur. Car notre indignité ne saurait éteindre l’amour de Dieu pour nous. La voilà , la miséricorde. Certains trouvent le mot désuet, d’autres considèrent qu’en parler trop est une manière de relativiser tout ou d’excuser facilement ceux qui commettent le mal. D’autres encore voient un thème doucereux et mièvre. Il est urgent alors de nous laisser saisir par la miséricorde divine, de la redécouvrir. « Si le monde n’utilise plus ce mot, écrivait le Pape Jean-Paul II, l’Eglise doit l’offrir à nouveau : le monde en a tellement besoin » Cette Année Sainte est une grâce pour éprouver la joie d’avoir été retrouvés par le Christ, Bon Pasteur. C’est une Année de grâce pour percevoir la chaleur de son amour quand il nous charge sur ses épaules pour nous ramener à la maison du Père.
Comme je suis heureux que ce crucifix espagnol soit placé ces jours-ci dans la nef de la cathédrale ! Comme Marie et Jean, le vendredi saint, nous irons au pied de la croix, pour entendre le Christ nous redire : « Si tu savais le don de Dieu, Si tu savais l’amour dont tu es aimé ». La miséricorde du Christ, mort sur la croix, répond au mal par le bien. Et sa résurrection proclame : le mal n’aura pas le dernier mot, pas plus que la mort, pas plus que la culpabilité. Parce que Dieu est riche en miséricorde. Tous, nous savons bien quand nos actes nous tirent vers la nuit ; nous savons bien quand notre liberté se soumet à nos instincts. Quantité de personnes, devant l’obscurité de leur cÅ“ur, devant la paralysie de leur liberté renoncent. Ils se laissent enfermer dans ce qu’ils ont fait, ils se laissent dominer. La miséricorde de Dieu elle, vient nous dire que Dieu est plus grand que notre cÅ“ur, que sa force est plus grande que notre faiblesse. Aux disciples de tous les temps, Jésus qui nous accompagne offre la force de préférer la vérité au mensonge, la générosité au repliement sur soi, le pardon à la vengeance. Voilà notre foi ! Cette année, nous célébrerons la miséricorde, le pardon, la réconciliation avec le Seigneur et avec les frères.
Le Seigneur nous attend, Il nous accompagne, Il nous envoie : Ouvrez les portes et sortez alors dans la ville, dans les quartiers, et pour vous les jeunes des JMJ, jusqu’en Pologne : vous y serez signe de la miséricorde divine. Mais comment ? Aux hommes qui venaient le voir et qui lui demandaient : « que devons-nous faire ? », Jean-Baptiste répond, tout simplement, banalement : tu as deux vêtements, partage avec celui qui n’en a pas. Sois honnête et droit dans tes affaires, respecte les autres. Dit autrement : sois fraternel. Comme la lumière de Bethléem se répand, toi, répands la chaleur, la flamme de l’amour aux autres.
J’ai choisi ce portail Saint Yves pour qu’il soit la Porte Sainte. C’est le portail par lequel entraient le duc de Bretagne venant du château, et les responsables de la cité. Et que voyaient-ils en passant la porte ? Les Å“uvres de miséricorde de Saint Yves : des sculptures tout autour du portail les évoquent ; elles rappellent que gouverner, c’est servir. Tant d’associations continuent aujourd’hui à la suite de St Yves ; elles nous proposent, autour du chÅ“ur de la cathédrale, de nous associer à elles, elles nous proposent ces actes de miséricorde corporels et spirituels évoqués par le Pape François : « donner à manger ou à boire, donner un vêtement ou un toit, visiter malades et prisonniers, conseiller ceux qui sont dans le doute, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter avec patience, les frères et sÅ“urs plus ennuyeux… ».
Avant de quitter la cathédrale, nous prendrons une décision devant Dieu : quel acte de miséricorde je suis décidé à poser ? Car la miséricorde s’incarne dans nos vies concrètes. Voilà le jubilé que nous allons vivre. C’est le temps favorable pour soigner les blessures, C’est un temps favorable pour rencontrer ceux qui attendent les signes de la proximité de Dieu. C’est un temps favorable pour offrir à tous, le chemin du pardon et de la réconciliation. Seigneur, que cette Année Sainte, porte un fruit abondant dans le diocèse, pour ta gloire et le salut du monde.
Amen.
Mgr Jean-Paul James Evêque de Nantes
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