Hubert Champenois

Cinquante ans de sacerdoce

 

En ce dimanche 30 juin 2019, le Père Champenois, recteur de la cathédrale de Nantes, a fêté le 50ème anniversaire de son ordination, célébrée le 30 mai 1969.

 

30 juin 1969 – 30 juin 2019  

50 ans d’ordination

  

Oui… acclamons la Parole de Dieu dans cette cathédrale St-Pierre et St-Paul au service de laquelle je suis depuis 6 ans ! et en fêtant ce jour, en communion avec 18 autres collègues ordonnés en 1969… dont 5 ont rejoint la maison du Père. Dans cette cathédrale, c’est l’éclatante blancheur de la pierre, qui frappe davantage le visiteur, le priant, c’est la luminosité de l’édifice.

A cette époque où les couples étaient souvent nombreux, où l’espérance de vie était peu élevée, les concepteurs de la cathédrale gothique n’avaient-ils pas voulu révéler à tous, ce Mystère où Dieu est lumière, et les architectes, tailleurs de pierre, maîtres verriers se sont faits comme des explorateurs de la lumière, les capteurs de la lumière.« Que l’âme cherche la lumière en suivant la Lumière » disait St Bernard. Laissons-nous toucher par la lumière présente dans cet édifice. La construction de l’actuelle cathédrale a duré près de 4 siècles et demi. L’édifice garde une unité étonnante. Cette unité symbolise si bien la mission de la cathédrale. Pour nous, catholiques, la cathédrale est la maison de nos familles dans la vie de la cité ou du monde. C’est la 6ème grande célébration depuis 1mois 1/2 avec les confirmations de jeunes, d’adultes – à la Pentecôte-, la 1ère des communions des enfants de Notre Dame de Nantes (centre ville) et les 2 ordinations de Nicolas et Thomas, dimanche dernier.

Dans cette cathédrale, comme nous, ce matin, venant des 4 coins de l’horizon, pourquoi ne pas y puisez un élan nouveau pour promouvoir la paix, la fraternité en nous et entre nous. Nous sommes là, venant des lieux où l’Eglise m’a envoyé en mission à St Sébastien sur Loire, au diocèse dans la pastorale des jeunes et des adultes des milieux indépendants, puis 10 ans à Madagascar en aumônerie d’étudiants, l’ile Beaulieu à la Madeleine, St-Nazaire,  St-Félix, l’Ile Maurice avec les Cadres Chrétiens, puis Notre-Dame-de-Toutes-Joies et Ste-Thérèse – devenues Bienheureux Jean-Paul II– et la cathédrale bien sûr, la cathédrale avec vous chrétiens, qui venez vous y ressourcez, ou de passage, comme aujourd’hui avec bien des membres de la famille et bien des amis…

Chaque jour, j’y passe…j ’y prie… et j’y célèbre régulièrement… j’aime écouter, accueillir la Parole de Dieu, en particulier les béatitudes… c’est un peu notre fil rouge. En regardant les vitraux, ils ne sont faits que pour faire chanter la Lumière dont je parlais. Lire les béatitudes auxquelles ces vitraux me font penser, c’est contempler la lumière de Dieu, l’Amour de Dieu qui se réfracte dans : le bleu de la douceur, le vert de la paix, le rouge sang des larmes et de la persécution, Les ors de la justice.

Je crois que ces Béatitudes sont 8 façons de manifester l’Amour qui a sa source en Dieu. Les Béatitudes c’est le portrait de Jésus. Nous sommes tous appelés à mettre nos pas dans ceux de Jésus Christ en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes là où chacun se trouve, chacune, chacun appelé à insister sur l’une ou l’autre des Béatitudes.

La petite Jade que je vais baptiser dans quelques moments va donc entrer dans cette grande famille des chrétiens.

Parfois la vie présente des défis importants et à travers eux le Seigneur nous invite à de nouvelles conversions qui permettent à sa grâce de mieux se manifester dans notre existence, « afin de nous faire participer à sa sainteté », nous redit cette expression aux He 12/10. Cela me renvoie à la réflexion de l’archevêque de Saïgon, vietnamien en prison dans les années 60. Son choix était de vivre le moment présent en le comblant d’amour et voilà la manière dont cela se concrétisait : « Je saisis les occasions qui se présentent chaque jour pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire ».

C’est un peu notre itinéraire, votre itinéraire, mon itinéraire depuis tant d’années. A la question, de quoi dépend le bonheur d’un prêtre ? J’ose répondre : de son amour du Christ, et de son Evangile inlassablement prié et annoncé, du climat de confiance avec son évêque (j’ai été au service de 5 évêques : Mgrs Villepelet, Vial qui m’a ordonné, Marcus, Soubrier et James) et avec les autres prêtres dans un climat fraternel Et de la communauté chrétienne.

Avec comme je le redis régulièrement : Le poumon du territorial : être un homme de terrain et le poumon des mouvements apostoliques et spirituels qui ont permis et permettent à bien des laïcs de grandir dans la foi et l’espérance. Le scoutisme a été un bon moteur auprès des Scouts Unitaire France et des scouts d’Europe. Je pense aussi qu’il nous revient laïcs et prêtres de penser et d’être là auprès des blessés de la vie et à ceux que l’on n’écoute jamais ou si peu ! être proche de ceux dont on est loin ! – expression qui m’a interpellé quand j’étais sur l’Ile Beaulieu « au pied des immeubles ! ». Voilà pourquoi nous, prêtres dans une période marquée par bien des fragilités profondes, nous devons rester des hommes sans cesse sur le qui-vive, attentifs aux petits, aux grands, aux bien-portants, aux malades. Nous n’aurons jamais fini les uns et les autres de vivre nos responsabilités dans notre statut de baptisés, de confirmés, pour que, comme le dit Saint-Paul, nous soyons « membres les uns des autres ».

50 ans de ministère dans l’esprit de service donné, je dis par le diaconat en 1968, quelques mois avant l’ordination presbytérale, j’ai encore envie de dire : « chaque jour est à lui seul une vie ! » Par notre prière nous intercédons chaque jour pour celles et ceux qui nous sont confiés.

Un prêtre du diocèse vient de fêter ses 100 ans et ses 75 ans d’ordination…Il disait à son évêque : Je suis heureux de vivre l’Eucharistie chaque jour » Je pense aux autres membres de la famille : à Thomas Guist’hau, au Brésil et à Benoît Luquiau, qui passe quelques semaines au Bénin, après l’avoir servi pendant 4 ans, où que nous soyons prêtres ici ou dans l’océan indien, nous voulons simplement partager cette conviction : une vie donnée toute entière à la suite du Christ permet à un homme de trouver sa pleine dimension. Je n’oublie pas Jean-Loup Champenois et Véronique Champenois, tant d’années données à l’Arche de Jean Vannier et également à Bertille et Mathilde Champenois, contemplatives chez les petites soeurs de Bethléem…

Je termine,

Il y a 15 jours sur la porte centrale de cette cathédrale : un tag ! « Dieu est mort ! » Je réponds à cette personne : Dieu le Père n’est pas intervenu pour empêcher la mort de Jésus son Fils, il n’est pas intervenu pour empêcher les hommes de le condamner et de l’exécuter, c’est donc que Dieu n’intervient pas comme cela. Il a fait mieux, en ressuscitant Jésus à Pâques, il nous donne d’annoncer qu’une vie menée dans l’Amour, qu’une mort vécue dans l’Amour sont des chemins de vie. Il nous donne de croire que c’est l’Amour qui gagne. C’est dans le cœur des hommes que Dieu intervient, c’est là que s’accomplissent les merveilles de Dieu.

Depuis 50 ans, au quotidien, l’Eucharistie. Pour St-Jean, raconter le Pain et le Vin, ou raconter le lavement des pieds, c’est UN. Il s’agit toujours de donner sa vie. Apprendre à donner sa vie comme Jésus.

Faites ceci en mémoire de moi !  Faites-en autant !

Je vous ai lavé les pieds ! Pour que vous fassiez de même


Mgr André Vingt-Trois, ancien condisciple au séminaire 
St Sulpice m’écrivait : « nous avons vécu une belle aventure, grâce à Dieu. »

« Allez de toutes les nations, faites des disciples.

Je suis avec vous, tous les jours 

Hubert Champenois, recteur

 

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