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C’est dans une cathédrale Séminaire pontifical français de Rome baignée de lumière et avec une assemblée nombreuse, jeune et joyeuse, en ce dimanche 28 juin 2015, que Mgr Jean-Paul James a ordonné Emmanuel Mustière comme prêtre et Hervé Godin comme diacre pour le diocèse de Nantes. Ces ordinations ont été une nouvelle fois une grande fête pour l’Eglise catholique en Loire-Atlantique. Nous ne pouvons que rendre grâce pour le don qu’ils ont fait de leur vie au Seigneur. « La mission aujourd’hui continue » leur a dit Mgr James en nommant Emmanuel, prêtre coopérateur au service de la Paroisse saint Pierre de l’Océan. Hervé quant à lui poursuivra ses études à Rome au tout en étant nommé dans le diocèse, diacre pour la Paroisse saint Jean d’Erdre et Gesvres.
« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous ». Le Pape François commente : « Avec le Christ, la joie naît et renaît toujours ». C’est la joie d’être appelé et envoyé par Lui, la joie de se donner dans le ministère ordonné de prêtre et de diacre.
Oui, joie d’un appel. « C’est moi qui vous ai choisis et établis » dit Jésus. L’appel particulier que vous avez reçu, Emmanuel et Hervé, vous réjouit. C’est une vraie joie qui vous habite : vous découvrez une relation unique qui s’établit entre le Christ et vous, une relation indépendante de quelque chose à faire ici ou là. C’est la joie de tout l’être, le sentiment d’exister pour Dieu, et en répondant à l’appel, de faire l’unité de sa vie : « Le Seigneur me connaît ». C’est vrai pour les ministres ordonnés, c’est vrai pour tout baptisé. Nous ne sommes pas perdus dans l’anonymat d’une foule. Nous sommes des personnes, connues, aimées de manière unique. Chers amis qui êtes invités par Hervé ou Emmanuel, qui que vous soyez, venus à cause de votre foi ou par amitié, au-delà de vos charges, importantes ou discrètes, vous avez votre vocation : le Seigneur vous connait, vous aime et vous appelle à vivre avec lui. Saint Augustin dont la réponse au Christ a été l’objet de tant de combats, s’en émerveille : « O Beauté si ancienne et nouvelle, bien tard je t’ai aimé ! Tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ! ». Beauté de la foi chrétienne.
« C’est moi qui vous ai choisis pour que vous alliez. » C’est la joie de sortir, d’annoncer la Bonne Nouvelle. Et quelle Bonne Nouvelle ? La vie du Christ n’a été qu’amour : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Le grand drame de l’humanité, c’est de ne pas connaître Dieu, de se tromper sur Lui. Emmanuel prêtre, Hervé diacre, vous êtes appelés à révéler le vrai visage de Dieu. Plusieurs d’entre nous, vos aînés, diraient : si je suis prêtre, c’est parce que j’ai vu le Christ aimer le monde. Plus on se rapproche de lui, plus on est pris par l’amour qu’il porte à cette terre. Et comment voit-on le Christ aimer le monde ? Dans la vie de ses témoins, de ses disciples. Vous connaîtrez la joie, après une rencontre d’aumônerie, d’entendre un jeune ouvrir son cœur ; joie d’entendre, lors d’une réunion d’EAP, comment un couple, une communauté religieuse illuminent la vie d’un quartier ; joie de voir se remettre debout un frère après le sacrement de réconciliation ; joie d’engendrer à la vie de Dieu, des jeunes ou des adultes. Joie, dans un moment plus difficile, de sentir la présence amicale de frères prêtres ou de chrétiens de la paroisse. Oui, l’Amour du Christ se révèle aujourd’hui dans notre monde.
C’est un Amour qui se donne. Chaque jour, Emmanuel, vous redirez les paroles du Christ : « ceci est mon corps livré pour vous ». On ne peut pas les répéter sans comprendre que c’est notre propre vie qu’il faut livrer à la suite du Christ et en union avec lui. Dieu vous a choisis, tous les deux pour consacrer vos énergies à l’annonce de l’Evangile en renonçant à l’exercice possible d’une profession et en renonçant à fonder une famille. Pourquoi ? Ce n’est pas parce que la mission suppose des acteurs à « plein temps » qui ne coûteraient pas trop cher à l’Eglise ! C’est à cause du Christ qui remplit sa mission en se donnant, en donnant sa vie, pour que nous ayons la vie. Hier, aujourd’hui et demain, le grand désir du Christ, c’est que tous aient la vie. Notre humanité est meurtrie, souillée, encore trop souvent par la violence, le fanatisme, la barbarie. Ces images nous désespèrent : jusques à quand, Seigneur, tous ces drames ? Comment en sortir ? Une réponse est donnée aujourd’hui par votre engagement : à la suite du Christ, servir les frères jusqu’au don de nous-même, servir la justice, la fraternité. Une seule voie, un seul chemin de vie : non pas la violence mais l’amour qui se donne. Mais nous résistons à ce message. Les apôtres eux-mêmes vont résister ; Pierre lui-même. N’y aurait-il pas une autre voie, Seigneur ? Et la réponse est cinglante : Arrière Satan !
Tout le monde veut promouvoir un monde d’amour, mais beaucoup oublient que l’amour suppose des choix et des fidélités qui peuvent faire mal. Notre humanité cherche une autre solution, à bas prix ; il n’y en a pas d’autre, pas d’autre que l’Amour qui se donne. C’est le sens de votre engagement définitif. Vous rejoignez ainsi tant d’autres engagements, celui de vos parents d’abord ; je veux remercier tous les parents de prêtres et de consacrés : nous sommes le fruit de leur amour ; ils se sont donné pour nous élever. Et, au moment des choix de leurs enfants, ils ont un chemin à faire, souvent seuls : l’acceptation du choix de leur enfant. Je veux leur dire ma gratitude ; leurs fils, fruit de leur amour et de beaucoup de sacrifices, sont les prêtres d’hier, d’aujourd’hui et demain.
Oui, joie du don, joie de se donner dans la fragilité de notre être. Je n’ordonne pas des héros, mais des hommes fragiles. Qui, en effet, pourrait prétendre être au point en Amour ? C’est impossible sans l’aide du Seigneur. La première lecture le rappelle : « L’esprit du Seigneur est sur moi et Il m’a consacré ». Au centre de la messe d’ordination, évêque et prêtres imposent les mains. Mais en fait, c’est le Seigneur Lui-même qui vous impose les mains : « Il prend possession de moi en me disant : « Tu m’appartiens», commentait Benoît XVI. Mais à travers cela, il dit aussi : « Tu es sous la protection de mes mains. Tu es préservé dans le creux de mes mains ». Quand le sentiment de votre indignité, vos faiblesses, ou vos découragements tenteront de vous submerger, rappelez-vous ce moment de grâce, l’imposition des mains de votre ordination. Appuyez-vous, solidement, fermement sur le don de Dieu. Et sur les frères : car ce chemin de l’Amour, du don de soi vous ne le parcourez pas seuls, mais avec tant de laïcs et de personnes consacrées. Vous entrez aussi dans un presbyterium, dans un corps de diacres qui sont heureux de vous accueillir. Oui, « avec le Christ, la joie naît et renaît toujours ». Elle est don de Dieu : je la demande pour vous deux, pour les prêtres et diacres, pour ceux qui vous entourent, pour les jeunes qui hésitent à répondre à l’appel du Seigneur : Il y a une vraie joie à se donner au service de l’Evangile et de la foi. Personne ne nous la ravira.
Amen.
Mgr Jean-Paul James
Évêque de Nantes
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