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Belle et émouvante célébration que celle de l’ordination au diaconat permanent d’Olivier Le Rendu ce samedi 13 juin 2015 en l’église saint Félix à Nantes, paroisse des saints évêques de Nantes. Ferveur et joie avec son épouse et ses enfants, toute la famille, les amis, les diacres permanents qui ont accueilli un nouveau « frère » ! Mgr Jean-Paul James qui présidait l’ordination a évoqué notamment dans son homélie cette Terre Sainte qu’est la Loire-Atlantique où le nouveau diacre est envoyé pour soigner les blessés, pour se faire proche de ceux qui se cheminent sur la route comme le Christ aux côtés des pèlerins d’Emmaüs ! Olivier est désormais diacre permanent, « diacre du Seigneur » avant tout !
Olivier, les trois textes que vous avez choisis avec Nathalie, parlent autant de votre histoire que de l’avenir, de votre mission diaconale. Je les résume en trois mots : appel, compassion, accompagnement.
L’ordination commence par un rite d’appel : appel et réponse d’Olivier, récit de son parcours par l’équipe d’accompagnement ( je remercie chacun de ses membres), acceptation de Nathalie et témoignage de leurs enfants, Sophie, Anne-Flore et Aude à qui je veux dire mon amitié. Aussitôt après, un récit d’appel, celui de Moïse. Qui est-il ce Moïse appelé près du buisson ardent ? C’est un homme d’âge mûr (selon la chronologie des Actes, il aurait 80 ans ). Il a déjà toute une histoire. Mais encore ? C’est un homme capable de s’étonner, de se questionner, de risquer : voilà quelque chose de nouveau, un buisson en feu. Moïse ne détourne pas le regard, au contraire ! Il s’intéresse à quelque chose de nouveau ! Au lieu de se protéger, de s’en aller ( c’est dangereux, ce phénomène), il s’approche : « pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? ». Ce Moïse n’est pas l’homme installé qui a tout catalogué et tout compris. Non ! C’est un homme encore capable de s’étonner et de se poser des questions. Il va peut-être être obligé d’abandonner son troupeau un instant, son travail, ce qu’il sait faire, peut-être courir un danger, se risquer. Dieu l’appelle là. C’est votre expérience Olivier : vous évoquez un pèlerinage à Rome, pour vos 20 ans de mariage, comme le point de départ de votre chemin vers le diaconat : tout trouve sa source dans votre mariage, votre amour à tous les deux. Et puis vient l’imprévu ; un étonnement : « quelque chose d’étrange me travaillait au cœur ». C’est vécu sur fond d’inconfort intérieur. C’est vécu personnellement bien sûr et à deux, avec vous Nathalie, l’un et l’autre ouverts, capables d’accueillir quelque chose d’imprévu. C’est votre expérience à vous frères diacres du diocèse, et à vos épouses, capables de vous étonner et d’accueillir du nouveau, à l’âge où on pourrait penser que tout est écrit, qu’il n’y a plus qu’à attendre la retraite, bref qu’on est installé ! Quelle aventure, cet appel de Dieu ! Inconfortable, oui ! Ce n’est pas un long fleuve tranquille ! D’ailleurs, que dit Dieu à Moïse ? Bravo cher Moïse, merci d’être venu ? Merci de t’être inscrit parmi les candidats au diaconat ? Pas du tout : « n’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds ». Dit autrement : « tu te mets en route, mais ne prétends pas déjà posséder ce que tu cherches ». Quand on n’a plus de sandales, la marche est hésitante : rappelez-vous vos ballades pieds nus le long des côtes de la Manche ! On est vulnérables. On se risque, on se mouille. Et Dieu ajoute : « Le lieu où tu te tiens est une terre sainte ». Quoi Seigneur ? Ce désert maudit, ce lieu de désolation, d’aridité, ça une terre sainte ? Ce monde du 21ème siècle, ce département de Loire-Atlantique où, chrétien, je me sens bien minoritaire ? Ça une terre sainte, ces cabinets médicaux où s’exprime la souffrance ?
Oui, c’est une terre sainte, c’est à dire une terre que Dieu veut visiter et remplir de sa sainteté, de sa compassion, de son amour. Il veut guérir l’humanité blessée, la libérer de ses esclavages, la remettre debout.« J’ai vu la misère de mon peuple » : il n’est pas difficile d’actualiser la Parole de Dieu. Olivier, avec les chrétiens exerçant la médecine, vous avez eu l’occasion de réfléchir, au sens spirituel et chrétien de votre profession. Plus que le moyen d’obtenir un statut social ou un pouvoir, c’est un service des frères et sœurs en humanité, un vrai don de sa personne. Vous continuerez à exercer cette profession. Mais, avec votre ordination, il y aura un changement dans votre vie ecclésiale. Le ministère de diacre ne vous laisse pas seulement parmi les baptisés pour servir. Il vous situe devant eux et en face d’eux, pour leur redire, par votre seule présence, dans la célébration des sacrements et les homélies, qu’on ne peut être chrétien sans se faire serviteur de ses frères.
Serviteur de ses frères, comme le Christ Jésus, accompagnant deux hommes sur le chemin d’Emmaüs ( une scène si bien illustrée sur votre faire-part ), deux hommes blessés, quittant la communauté sur la pointe des pieds. Jésus ressuscité les rejoint et les accompagne. Ces disciples parlent de quoi ? de Jésus, de sa condamnation, de leur déception. Tout ce qu’ils disent est exact, mais c’est sur le mode de la lamentation. Ils retiennent le côté triste d’une histoire qui se finit mal. Que fait le Christ ressuscité ? Il les rejoint au cœur de leur épreuve. Et il les aide à relire autrement leur histoire. C’est important que des gens puissent prendre la parole sur leur vie, prendre de la distance par rapport à la situation qui les accable, puissent être accueillis et valorisés dans un dialogue. Ce service de l’accompagnement ecclésial, je vous demande de le vivre, avec Nathalie, pour les couples et les familles. En le faisant à la suite du Christ, vous nourrissez l’espérance : vous aidez chacun à chercher le sens de son action, de son engagement et à y accueillir les signes de la présence de Dieu. « Dans une civilisation blessée par l’anonymat, écrit le Pape François, l’Église a besoin d’un regard de proximité pour contempler, s’émouvoir, s’arrêter devant l’autre chaque fois que cela est nécessaire ». Le Pape souligne l’importance de l’art de l’accompagnement pour que, dit-il, « tous apprennent à « ôter leurs sandales », devant la terre sacrée de l’autre » (EG 169).L’avenir de notre monde est incertain. Nous le sentons fortement. L’homme contemporain éprouve à la fois sa grandeur et sa fragilité. C’est plus que jamais le moment de l’accompagner et de lui offrir le Christ, la folie du Christ qui s’est abaissé et s’est fait le serviteur. Cela n’est possible qu’en étant uni à Lui. Je sais l’importance que vous attachez tous les deux à Taizé. Olivier, Diacre, avec votre épouse, retournez souvent dans ce désert où Dieu parle au cœur : il n’y a pas de ministère possible dans l’Église qui tienne sans ce lien intime avec Dieu. Car, vous n’êtes pas d’abord diacre du diocèse de Nantes, vous êtes diacre du Seigneur.
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