2017 – Messe de la Folle Journée
Homélie du dimanche 5 février 2017
Messe de la « Folle Journée », avec le groupe mexicain Tembembe et la Maîtrise de la cathédrale
Lequel des 2 a raison ! Matthieu ou Jean ? En effet, les 2 évangélistes ne semblent avoir gardé l’un et l’autre la même mémoire des paroles du Christ.
Alors que Jean met dans la bouche de Jésus : “JE SUIS La Lumière du monde, Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la Lumière qui conduit à la VIE ” (Jean 7-21) Matthieu, lui, vous venez de l’entendre, fait dire à Jésus, non pas JE SUIS, mais ” VOUS ETES la Lumière du monde ” Matt (5-15)
Lequel des 2 a raison !
Une fois encore, il convient sans doute, que nous écoutions la Parole de Dieu en polyphonie prêtant l’oreille à l’harmonie des divers instruments, que peuvent être les évangélistes au service d’une même partition : l’ANNONCE DE LA BONNE NOUVELLE.
Ecoutons Jean d’abord : Dès le début de son Evangile, dans le fameux Prologue, proclamé le matin de Noël, Jean aime situer JESUS, Verbe de DIEU comme La Lumière qui luit dans les ténèbres et que les ténèbres ne peuvent pas saisir, et Jean invitera ainsi plusieurs fois ses auditeurs, à contempler JESUS « comme Lumière » qui dévoile, qui révèle un AUTRE, à Son Père et notre Père – Jésus, Lumière qui éclaire le chemin qui conduit au Père. Christ-Lumière, jaillissante comme l’aurore, qui ne renvoie pas à Lui-même mais à un autre, son Père.
Ecoutons maintenant au service de la même partition, la ligne mélodique suivie par Matthieu, lui qui fait dire dans son Evangile à ce même Jésus-Christ, non pas « Je suis » mais « Vous êtes la Lumière du monde, ou si vous préférez : « vous qui êtes mes disciples, je vous appelle à être à ma suite, LUMIERE, une lumière qui ne renvoie pas à elle-même mais à un Autre, une Lumière qui renvoie à la Source.
Ainsi pour l’un et l’autre. Pour Jean et Matthieu, et c’est tout simple à comprendre, « une Lumière n’est pas destinée à s’éclairer elle-même, mais elle permet de désigner un au-delà d’elle-même ! A contrario, une lumière qui se donne à voir elle-même, aveugle. Une telle lumière est alors stérile, un peu comme le sel qui perd de sa capacité de donner de la saveur à un plat, à autre que lui. Nous sommes porteurs de cette Lumière depuis notre Baptême.
Avant d’être un père ou une mère de famille, un employé, un médecin ou un éducateur, un chef d’orchestre ou de chœur, le chrétien est d’abord un cœur habité par la Lumière de l’ Amour, et tout cela a des incidences concrètes sur sa manière de vivre : cela se traduit par le primat de l’homme sur l’argent, ou le marché, la loyauté dans les échanges, l’attention aux plus déshérités : nous avons soif de cette Lumière de la fraternité comme le dit notre Pape François qui nous pousse à rencontrer les autres. Et qui peut faire de nous des frères ? Le Christ, Lumière pour tous…
Etre le sel de la Terre et la lumière du monde : c’est apporter une vision originale de l’homme. Toute notre vie nous immerge au milieu de nos frères, mais que leur apportons-nous ? Si nous n’osons rien risquer au nom de l’Evangile : une parole, un geste, une proposition une démarche, nous risquons non seulement d’être invisible mais en même temps, inodore et sans saveur. C’est la Parole de Dieu qui donne goût, qui donne sens. Nous pouvons alors nous demander comment cette Parole vient d’abord révéler la saveur de nos vies – à condition que nous nous en nourrissions ! Car c’est dans la mesure où nous nous laisserons imprégner par cette saveur que nous pourrons alors la proposer à nos frères.
Voilà ce que j’ai envie de partager aves vous en cette messe qui rassemble des chrétiens d’ici et d’ailleurs – jusqu’au Mexique ! En venant entendre la Parole de Dieu, en ouvrant le livre, LA BIBLE, nous accueillons bien des partitions. Bien des compositeurs en ont mis en pratique un certain nombre ! J’y pensais hier avec le Requiem de Fauré ! Comme chrétien nous sommes toujours appelés à ne pas laisser ces partitions sur le pupitre ou devant le buffet d’orgue, mais bien au contraire à les traduire dans notre vie.
Que les partitions de l’Evangile se traduisent avec nos mains, nos voix, nos paroles, nos faits et gestes, notre cœur !
Qui que nous soyons ! Où que nous en soyons ! Quelle belle polyphonie !
Dans les prochaines semaines, en vue du rassemblement diocésain du 25 Juin, nous serons invités à partager, en petits groupes, à plusieurs, la Parole de Dieu Belle expérience pour nous tous, disciples missionnaires, car comme nous l’avons chanté : “Peuple choisi pour annoncer une Espérance, Montre ton Christ. Il t’a chargé de sa Présence”. La Parole de Dieu révèle la saveur de la vie de Dieu, de la vie des hommes. La Parole de Dieu met en valeur la beauté des Å“uvres de Dieu et des Å“uvres des hommes.
Hubert Champenois
Recteur de la cathédrale
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