Editorial du Père Cormier

Espérer avec les catéchumènes

Dimanche dernier, à Nort-sur-Erdre, 70 adultes ont participé à la célébration de l’Appel décisif, étape cruciale au début du Carême qui inaugure la dernière ligne droite menant à leur baptême dans la nuit de Pâques. Après l’appel de leur nom, un à un, ils se sont approchés de l’évêque, certains avec une grande émotion, signe de l’importance de leur démarche. L’un d’eux a conclu son témoignage en racon- tant qu’il avait choisi le mot “Espérance” comme mot de passe pour entrer dans son ordinateur de tra- vail. Le niveau de sécurité informatique serait sans doute à revoir, mais cela reflète bien l’ambiance de cette célébration.

Parmi ces adultes, la plupart assez jeunes, il y avait 5 étudiants de l’aumônerie de l’université (7 autres ont commencé leur parcours en septembre dernier). Alors qu’un éditorial récent du journal Ouest France citait un sondage selon lequel seulement 15% des 18-29 ans se disent aujourd’hui catholiques, ces étudiants au début de la vingtaine ont décidé de se préparer au baptême, à la suite d’une rencontre, d’un évènement, d’une question existentielle qui a émergé. Alors que les jeunes se détournent majori- tairement de l’Eglise et que même les générations jusqu’alors plus présentes désertent elles aussi les eucharisties dominicales, pourquoi ces étudiants viennent-ils à nous ? Ils sont portés par l’espérance. L’espérance d’une vie renouvelée par le Christ, malgré l’épreuve que peut représenter cette démarche (certaines familles ne comprennent pas et même rejettent cette décision).

Ces jeunes sont désireux de rencontrer le Christ et de voir leur vie transformée par cette relation. Mais, ils ne sont pas des béni-oui-oui ; ils viennent aussi avec des attentes vis-à-vis de l’Eglise dont ils questionnent parfois le fonctionnement actuel. Pleinement issus de notre société, ils ont des idées qui peuvent bousculer les conceptions et habitudes traditionnelles de l’Eglise. Ces jeunes espèrent voir leur vie transformée par le Christ mais l’Eglise peut aussi espérer être renouvelée par l’arrivée de ces jeunes. Voilà pourquoi nous avons la mission de les accueillir, nous aussi, avec espérance.

L’espérance, ce n’est pas de la passivité. Ce n’est pas faire le dos rond en se répétant “ça ira mieux demain”. Ce n’est pas accueillir ces jeunes en se disant qu’ils vont nous aider à colmater les brèches de plus en plus visibles de l’édifice. Espérer, c’est croire qu’ils contribueront à assainir notre Eglise. Dans son message pour le Carême de 2021, le pape François écrit : « Vivre un Carême d’espé- rance, c’est percevoir que nous sommes, en Jésus-Christ, les témoins d’un temps nouveau, dans lequel Dieu veut « faire toutes choses nouvelles » (cf. Ap 21, 1-6) ». Eprouvée depuis plusieurs décennies, l’Eglise est appelée à la conversion. Espérer, c’est accueillir ces nouveaux baptisés comme les témoins d’un temps nouveau que le Seigneur nous donne pour renouveler son Eglise et lui faire connaître la joie pas- cale

Père Vincent Cormier
Prêtre coopérateur à la cathédrale St-Pierre-St-Paul,
Au service des catéchumènes, de l’aumônerie des étudiants.

2ème dimanche de Carême : La Transfiguration

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